samedi 31 mars 2012

Dans mon blog il y a des cactus

  Cela fait quelques années que j'ai renoncé à échafauder des poissons d'avril à destination de mes proches. J'en ai réussi un ou deux, et depuis tout le monde se méfie et après plusieurs échecs cuisants je me contente d'attendre les canulars dont je pourrais être l'objet et de décoller les poissons en papier collés par mes enfants.

  Mais cette année, je tiens un blog et j'ai quelques lecteurs sur qui je pourrais tenter mes talents de mystificatrice. J'ai donc réfléchi depuis quelques jours à la supercherie que j'aurais pu infliger à ces derniers.

  Alors que je me creusais l'esprit tout en faisant glisser mes provisions de mes sacs sur le tapis et du tapis dans mes sacs à la caisse du supermarché, j'ai avisé la banderole tendue au dessus de la boutique du fleuriste de la galerie marchande.

« Dimanche 1er avril, c'est la fête des belles-mères »

  J'ai failli en laisser choir ma douzaine d'oeufs sur le carrelage. Je peux comprendre, en cette période de crise, que tous les moyens soient bons pour relancer la consommation, et les mois de mars et avril marquent sans doute un creux entre la Saint Valentin et la fête des mères en ce qui concerne le commerce de bouquets et compositions florales.

  Mais le concept m'étonne tout de même. Notez que je n'ai rien contre ma belle-mère, là n'est pas la question, elle sait si bien s'y prendre avec les enfants. Toutefois la rumeur prétend, hélas, que les belles-mères ne sont pas toujours fort appréciées par leurs gendres, et peut-être moins encore par leurs brus. Est-il alors très judicieux de créer de toutes pièces une ènième fête à souhaiter ? La création d'une « fête des patrons », puis d'une « fête du Trésor public » est-elle prévue pour 2013 et 2014 ?

  D'autant que les belles-mères ne le sont en général que parce qu'elles sont mères avant tout, elles sont donc déjà honorées le jour de la fête des mères par leurs enfants, et par extension, les conjoints de ces derniers. C'est pourquoi je reste assez sceptique quant au succès de cette opération commerciale... à moins peut-être que les fleuristes, délaissant les roses et les tulipes, ne s'approvisionnent exclusivement en certaines variétés bien spécifiques, telles que Echinocactus grusonii.

  med-echinocactusgrusonii-ou-coussin-de-belle-mere-ou-cactus

Echinocactus grisonii, ou “coussin de belle-mère” :

Dites-le avec des fleurs.

mercredi 28 mars 2012

Les extraordinaires requêtes Google

  Cela fait bien longtemps que je n'ai pas publié sur ce blog... Ma récente journée de la femme s'étant transformée en quinzaine de toute la famille, j'ai été extrêmement occupée à faire cuire des kilos de riz et de carottes, acheter des régimes entiers de bananes, distribuer des dizaines de médicaments et, comme vous l'avez sans doute remarqué, mon activité de blogueuse en a sérieusement pâti.

  Maintenant que la santé et l'appétit sont revenus, il me fallait un petit stimulant pour renouer avec mon clavier et faire revenir l'inspiration. C'est mon amie la Belette qui m'en a fourni un dans son billet de mardi.

  Beaucoup de blogueurs se livrent régulièrement à cet exercice, et le résultat est souvent aussi drôle que surprenant : répertorier les requêtes ayant conduit les utilisateurs de google sur son blog. Je vous présente une sélection des recherches récentes ayant abouti sur le mien :

 

  • Les banalites d'albane : pas d'erreur, vous êtes à la bonne adresse, merci pour votre fidélité.

 

  • Albane : je ne suis peut-être pas celle que vous cherchez, mais vous êtes les bienvenus.

 

  • Albane sur parking poids lourds : là, en revanche, il doit y avoir erreur sur la personne (ou sur le parking).

 

  • Destinataire non identifiable : visiblement la Poste a encore quelques progrès à faire.

 

  • Carnaval école : devant le nombre de requêtes, et pour ceux qui n'auraient pas lu mon article, je résume : princesse pour les filles, chevalier pour les garçons.

 

  • Trève hivernale chauffage : il n'y a pas de doute, c'est la crise. Suggestion : résilier son abonnement internet pour pouvoir payer ses factures.

 

  • Mémé du dessus qui fait du tapage : désolée pour vous...

 

  • Perdre une taille avant l'été : on voit que les beaux jours arrivent. Mais j'ai la solution !

 

  • Témoignages de gens célibataires malgré un physique agréable : la vie est bien injuste...

 

  • Je peux libérer ma soirée : Formidable, on se voit quand ?

 

  • Réunion du jeudi mais malheureusement je vais devoir vous quittez à : dommage, on ne saura jamais à quelle heure.

  :

  • Nettoyer sa voiture avec un seau et un balai parking exterieur copropriété : j'ai essayé, et effectivement mon blog arrive numéro 1 parmi les réponses de google.

 

  • D'inviter un amie pour repose en vacance : je suggèrerais plutôt un petit stage en grammaire et orthographe.

 

  Mais j'ai gardé la meilleure pour la fin, et c'est sans hésitation que je lui décerne la palme de la requête extraordinaire :

 

  • C'est la vie la vie d'épices la vie de surprise : je remarque que quand quelqu'un cherche quelque chose qui ne veut rien dire, il tombe sur mon blog. Que dois-je en déduire ?

 

Et vous, quelles requêtes surprenantes ont abouti sur vos blogs ?

jeudi 15 mars 2012

Ma journée de la femme

  Je l'ai fêtée avec quelques jours de retard. Il y a deux jours, mon mari, en congé, m'a dit : « Reste au lit, je m'occupe de tout, c'est ta journée de la femme ».

  Je suis restée au lit jusqu'à midi. A l'heure du déjeuner, je me suis levée sans enthousiasme. Monsieur avait habillé les enfants, leur avait donné leur petit déjeuner, avait joué avec eux, et commençait à préparer leur déjeuner. Je suis restée un peu assister au repas – après tout, les enfants font aussi un peu partie de ma vie de femme. Mais cela m'a fatiguée.

  Je suis retournée faire une sieste. Quand je me suis levée, j'étais seule, Monsieur avait rangé la cuisine et emmené les enfants faire les courses. Alors je suis sortie deux heures, pour m'occuper de moi, rien que de moi.

  J'ai retrouvé toute la famille au parc. Monsieur avait rangé toutes les provisions, et rhabillé les enfants pour sortir. Il déambulait entre les balançoires à ressort et le toboggan. Je me sentais déjà mieux.

  Nous sommes rentrés ensemble. J'ai tenu à donner à dîner moi-même aux enfants, malgré les encouragements de leur Papa à aller me reposer.

  Quand ils ont tous été couchés, j'ai poussé un soupir de soulagement en m'effondrant sur le canapé.

« Heureusement que tu étais en vacances, ai-je déclaré à mon mari. Une gastro-entérite, ce n'est pas grave, mais c'est épuisant. Sans toi je n'aurais même pas pu passer chez le médecin. »

  C'était ma journée de la femme. A vrai dire je préfère les autres.

jeudi 8 mars 2012

Des hommes et des blogs

   Vous ne l'ignorez pas, avant-hier avait lieu l'incontournable journée de la femme qui fait tant avancer leur cause. Dans mon cas personnel, cette journée a été marquée par deux points saillants :

- des croissants au petit déjeuner. Certes, il s'agissait des restes des viennoiseries offertes la veille par mon mari à ses collègues, mais pourquoi faire la fine bouche ?

- un sujet de réflexion passionnant qui m'est venu à l'esprit et sur lequel j'aimerais solliciter votre opinion :

Pourquoi les hommes ne commentent-ils jamais les blogs de leurs femmes ?

   Quand une femme tient un blog, soit elle cache son existence à son conjoint, soit au contraire, et c'est le plus vraisemblable, elle a tendance à lui demander son avis (admiratif, bien-sûr) sur les articles qu'elle écrit, et à le tenir au courant de l'évolution de la fréquentation de son blog, du nombre de commentaires, des cybers-contacts qu'elle peut nouer et des blogs qu'elle découvre par l'intermédiaire du sien.

   En ce qui me concerne, je ne vous cache pas que mon mari est souvent requis pour des missions de relecture dont il s'aquitte consciencieusement, n'hésitant pas à critiquer sincèrement la qualité et le style de mes articles.

   Mais jamais il ne poste de commentaire.

   Force est de constater que sur les blogs féminins que je peux être amenée à parcourir – blogs de mode ou de beauté, blogs de cuisine, de mamans, journal intime, ou tout simplement chronique familiale – les conjoints ne se manifestent jamais.

   Et pourtant !... Ne sont-ils pas souvent concernés par les sujets traités ? On imagine facilement quels seraient les avis – ô combien instructifs – de ces messieurs s'ils se décidaient à abandonner leur regrettable discrétion :

  • « Ce mascara allonge-cils waterproof violet te va à ravir, mais à vrai dire je trouve qu'il jure un peu avec ton gloss bio-hydratant reflet framboise »
  • ou bien : « Pas mauvais, ce cheesecake saumon-gorgonzola, quand est-ce que tu le refais ? »
  • ou encore : « Je confirme, les poignées réglables de la poussette canne-multiposition-3 roues-harnais 5 points-ombrelle et capote incluses sont très confortables surtout pour les papas de grande taille qui n'ont plus besoin de se pencher pour pousser bébé »
  • et enfin : « Très amusant cet article, décidément ma chère épouse écrit divinement bien »

   Les hommes ressentent-ils les blogs de leur femmes comme une sphère privée jalousement gardée par ces dernières ? Se désintéressent-ils des sujets pourtant passionnants abordés sur ces blogs ? Ont-ils peur de passer, aux yeux des autres lecteurs, pour d'hypocrites flatteurs peu impartiaux ? Ou s'occupent-ils à la vaisselle, à la lessive et au coucher des enfants pendant que leurs tendres moitiés sont absorbées par la rédaction de leurs articles ? A moins qu'ils ne se consacrent eux-mêmes à leurs propres blogs – traitant de sport, de belles cylindrées ou bien d'informatique pour geeks (journée de la femme ou pas, j'ai rarement vu un homme tenir un blog de cuisine) ?

  Et vous, qu'en pensez-vous ?

  En attendant vos avis, je lance un vibrant appel, qui, je l'espère, sera entendu :

 

Messieurs, les blogs de vos femmes ont besoin de vous !

 

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mercredi 7 mars 2012

Vite, vite facteur

  Valérie est une amie d'enfance, une amie de “vacances”. Je la connais depuis l'âge de neuf ans, lorsque je passais quelques jours en montagne l'été chez ma grand-mère au Petit Dozel à La Pierrière où ses parents occupaient un chalet voisin. Entre deux étés nous gardions contact par courrier et je me souviens encore que sur la première des lettres que j'ai reçues d'elle, Valérie avait adressé de la manière suivante, juste à côté du timbre, une pressante recommandation au facteur chargé de me remettre la missive :

IMG 1766

 

  Cela fait longtemps que je n'ai pas revu Valérie : ma grand-mère a quitté sa maison, je ne reviens plus à La Pierrière depuis des années, et Valérie et moi habitons à des centaines de kilomètres l'une de l'autre. Cela ne nous a pas empêché de garder contact, année après année : cartes de voeux, faire-part de mariage et de naissances, nous nous sommes tenues informées des principales nouvelles nous concernant – même si j'ai été étonnée de ne pas recevoir de réponse au faire-part de naissance de notre troisième enfant.

  Venons-en aux faits.

Janvier 2011 : Sans nouvelles de Valérie depuis un an, je lui envoie tout de même ma carte de voeux habituelle.

Février 2011 : Un mois plus tard, ma lettre me revient, avec un autocollant de la Poste indiquant “Destinataire non identifiable”. J'apprends par ma grand-mère que Valérie a déménagé. Ne parvenant pas à trouver son adresse, je renvoie ma carte de voeux au chalet de ses parents qui la lui transmettront. Je vérifie leurs coordonnées dans les pages blanches :

Madame Valérie F.

Chez Monsieur et Madame B.

Le petit Dozel

74586 La Pierrière

Malheureusement, je ne reçois aucune réponse de Valérie, dont je déduis qu'elle doit être trop occupée pour prendre le temps d'entretenir de vieilles amitiés comme la nôtre – d'ailleurs elle n'avait pas veillé à m'informer de son changement d'adresse.

7 Mars 2012 : Un an plus tard, hier, j'ouvre ma boîte au lettres. Une enveloppe un peu froissée sur laquelle je reconnais mon écriture et la traditionnelle étiquette “Destinataire non identifiable”. Le courrier que j'avais adressé à Valérie au domicile de ses parents.

  Non seulement le facteur n'a pas été capable de comprendre quel nom (non pas celui de Valérie, mais celui de ses parents) il devait chercher dans le hameau du Petit Dozel, mais en plus il a fallu un an à la Poste pour me renvoyer mon courrier non distribué. Je n'arrive même pas à imaginer comment elle a pu moisir pendant tout ce temps dans un recoin obscur d'un minuscule bureau de poste de montagne, avant d'être retrouvée suite à je ne sais quel miracle.

8 mars 2012 : Je fais quoi maintenant ? Je renvoie à Valérie une lettre qui lui présente des voeux pour l'année passée ? J'adresse une réclamation à la Poste (en supposant qu'elle arrive à destination) ?

  En tout cas, on ne m'y reprendra plus. Plus jamais je n'omettrai de griffonner sur mes courriers la recommandation de Valérie.

  Vite vite facteur...

dimanche 4 mars 2012

Répertoire téléphonique

  Mon mari vient lui aussi de changer de téléphone pour un appareil décrit comme « communiquant » (on se demande à quoi servait les précédents, à faire des mots croisés peut-être ?). Hier soir je l'ai généreusement aidé à copier tous les numéros de son répertoire sur sa carte SIM afin qu'il puisse les transférer sur le nouveau mobile.

  Afficher, copier dans la carte SIM, afficher, copier dans la carte SIM, afficher... les noms défilent les uns après les autres, inconnus de moi pour la plupart : collègues et relations professionnelles. Parmi eux se glissent quelques noms connus : famille proche, famille plus éloignée, amis d'enfance, amis de toujours, connaissances récentes, anciens gardiens, quelques commerçants, amis perdus de vue, quelques amies à moi aussi. Plusieurs strates amicales et familiales cohabitent, l'ordre chronologique de leur présence dans la vie de mon mari – et la mienne – dissous dans l'ordonnancement alphabétique du répertoire.

  Surgissant entre deux patronymes inconnus, certains noms évoquent d'un seul coup tout un tas de souvenirs, toute une époque – une résidence étudiante, un stage, une ville, une région. Beaucoup de numéros doivent être périmés d'ailleurs, comme les relations qui liaient Monsieur, et moi éventuellement, à leurs propriétaires. Je les copie tout de même, il ne me revient pas d'entériner leur disparition.

  D'autres numéros apparaissent, ultime trace visible de certaines amitiés que j'ai eu le regret de voir se dénouer. A voir ces dix chiffres s'afficher sur l'écran, je me remémore avec un pincement au cœur dans quelles circonstances ils avaient pu être composés : pour annoncer une naissance, pour joindre sur la route des amis qui nous attendaient, pour garder contact pendant des vacances...

  Il y a bien-sûr tous les numéros composés régulièrement, canaux d'affection et d'amitié. Mais aussi les numéros que l'on ne compose jamais et qui permettent simplement de voir s'afficher en cas d'appel le nom d'un correspondant indésirable afin d'éviter les mauvaises surprises en décrochant...

  Tiens, qui est cette Louise que je ne connais pas ? Ah, bien-sûr, c'est le patronyme du patron de Monsieur. Il vaut mieux ne pas avoir un tempérament jaloux pour effectuer ce genre de besogne.

  X, Y, Z. La liste arrive à son terme : deux cents individus que, pour la plupart, je ne connais pas, deux cents personnes qui, pour la plupart, ne se connaissent pas. Le petit monde qui, sur les ondes téléphoniques, entoure mon mari.

  Avant d'éteindre l'appareil, je vérifie rapidement si les deux numéros essentiels ont bien été copiés : oui, « Maison » et « Pizzas à emporter » suivront mon mari sur son nouveau mobile. Mission accomplie.