dimanche 22 septembre 2013

Des nouvelles de... Xavier

Vous avez été nombreux à me demander des nouvelles de Xavier, et je ne saurais rester sourde à vos appels pressants... d'autant que j'ai eu la chance de discuter avec lui depuis la rentrée scolaire.
Vous vous souvenez certainement de Xavier, de son air éternellement tracassé, de sa propension à se sentir chaque jour « comme un lundi », de ses contrariétés à l'approche des dernières fêtes de Noël, et surtout de l'incendie qui a ravagé sa maison en début d'année.
Au fur et à mesure que les semaines ont passé depuis le mois de janvier, j'ai trouvé à Xavier, que je croise régulièrement à l'école où deux de nos enfants fréquentent la même classe, l'air de plus en plus sombre, les traits de plus en plus tirés, la silhouette de plus en plus voûtée par les soucis et les retards dans les travaux de restauration de sa maison incendiée.
Il y a quelques jours, début septembre, je rencontre Xavier au parc où il surveille ses deux enfants après l'école.
Il fait beau, le week-end approche, je me souviens que Xavier et sa famille avaient le projet d'emménager dans leur maison peu après l'été, à une date qui me semble devoir approcher. Je risque un :
- Comment vas-tu, Xavier ?
Je n'aurais pas dû : Xavier a l'air exténué et totalement démoralisé. J'imagine que les travaux ont pris du retard et que, à l'heure actuelle, il désespère de pouvoir retourner chez lui avant la fin de l'année. En effet je l'entends soupirer :
- C'est-à-dire que nous ne sommes toujours pas chez nous...
- Ah bon, et il y en a pour combien de temps ?
- Deux semaines.
En fait, tout va bien, mais paradoxalement Xavier semble se sentir de plus en plus mal à mesure que l'heureux dénouement approche. Je prévois une crise d'angoisse le jour de l'emménagement. Mais Xavier continue.
- Au fait, tu es au courant pour le deuxième ?
J'acquiesce : je savais déjà qu'un second incendie avait débuté dans le logement provisoire que Xavier occupe avec sa famille depuis l'incendie de sa maison.
- On n'en a jamais parlé à mon père. Déjà qu'il n'a plus dit un mot pendant deux mois, quand il a appris pour le premier...
Xavier m'a expliqué les raisons de ce mutisme. Si je vous dis que le père de Xavier, à l'âge de dix-huit ans, a perdu ses propres parents dans l'incendie qui ravagea leur maison, vous ne me croiriez pas.
Et pourtant... c'est vrai.


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jeudi 19 septembre 2013

Rentrée : quelques nouvelles

Voilà, la rentrée est derrière nous, les vacances presque oubliées ainsi que le beau temps, les bronzages s'effacent et les jours raccourcissent... mais quelle joie pour chacun de nous de retrouver ceux et celles qui peuplent notre vie quotidienne et que nous avions, il faut bien le dire, un peu oubliés pendant l'été. Voici quelques nouvelles essentielles du côté de chez Albane...

 

  • Vous vous souvenez peut-être de mon boulanger, celui qui me disait toujours « bon courage » quand je venais chercher du pain. Une nouvelle ère s'est ouverte pour mes relations avec les commerçants du quartier : la boulangerie en question a changé de propriétaire et, avec lui, de décor, de devanture, de nom, de disposition intérieure et de personnel. Sauf que le nouveau boulanger, aussi grand et mince que le précédent était petit et rond, m'a souhaité, lui aussi, le plus naturellement du monde : « bon courage ! » C'est une nouvelle formule de politesse, ou bien j'ai vraiment l'air d'avoir besoin d'encouragements ?

 

  • Emmanuelle a perdu du poids ! Vous ne connaissez pas Emmanuelle, je la connais à peine, mais lorsque je l'ai vue il y a quelques jours descendre du métro chargée de petits sacs de boutiques de vêtements, elle m'a expliqué qu'elle venait de faire les magasins. « Parce que, a-t-elle rajouté sur le ton de la confidence avec une fierté à peine dissimulée, tu vois... j'ai perdu quelques kilos. » Visiblement c'était important pour elle que je le sache, alors j'ai pensé qu'elle serait heureuse que vous le sachiez aussi. C'est chose faite.

 

  • Ma voisine hypocondriaque se porte pour le mieux (à part de fortes migraines). Elle vient d'inscrire son fils de six ans à la piscine le mercredi matin à 9 heures. Tous les mercredis matin, elle le réveillera à 6 heures pour lui faire prendre son petit déjeuner, ensuite ils se recoucheront un moment avant de se lever à nouveau pour le cours de natation, afin de laisser passer les trois heures recommandées (par on ne sait pas qui, ni pourquoi, d'ailleurs) entre son petit déjeuner et sa baignade. Quand je pense que cet été mes enfants ont pris des bains de mer juste après leur goûter, j'en ai des sueurs froides rétrospectives.

 

  • Avec la rentrée, de nouveaux voisins se sont installés dans notre immeuble. Et qui dit nouveaux voisins dit nouveau paillasson... Je vous laisse admirer :

 

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Et vous, cette rentrée ?

 

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mercredi 11 septembre 2013

Dame Nature

Un mardi après-midi du mois d'août, ou peut-être un vendredi du mois de juillet – qu'importe – mais quelques jours en tout cas après le petit lapin gris, dans un autre jardin champêtre, à l'ombre de grands arbres centenaires, les enfants s'amusent jusqu'à ce que l'un d'eux remarque, dissimulés dans les taillis, les petits points rouges que forment, sur la verdure des fourrés, des fraises des bois écarlates.

La cueillette s'improvise, et les baies rouge vif s'accumulent dans le petit sac en plastique de fortune que j'ai trouvé au fond de mes affaires. Aucune ne sera oubliée, ni les plus discrètes cachées sous les feuilles, ni même les plus lointaines inaccessibles depuis le chemin, ni encore les plus petites et sans doute les plus savoureuses ; et en soupesant le fruit de notre récolte, nous pensons avec bonheur au délicieux dessert qu'elle formera, en louant d'une même voix

 Dame Nature la généreuse.

 

De retour à la maison, je renverse le butin dans une passoire où je rince délicatement les fruits cramoisis. Par hasard j'avais préparé des panacottas bien fraîches pour le dîner, et, les baies sauvages lavées et égouttées, je les dispose sur les coupes à dessert, non sans pouvoir m'empêcher d'en goûter une au passage.

Elle n'a quasiment aucun goût.

J'en goûte une seconde. Une troisième. Elles n'ont aucun arôme, rien du parfum doux, sucré et savoureux auquel je m'attendais. Assurément, malgré leur grande ressemblance, il ne s'agit pas de fraises des bois.

Je n'ai d'autre choix que de servir avec nos panacottas un peu de confiture de fraise et à jeter à regrets les baies insipides, cueillies alors que nous ignorions encore quel tour pendable nous réservait

 Dame Nature la farceuse.

 

Je pâlis tout à coup. Et si ces clones de fraises des bois étaient toxiques ?

D'un pas hâtif et le cœur battant, je laisse là ma cuiller de confiture et les enfants encore tout étonnés, et je m'en vais consulter mon ami wikipedia qui, m'informant aussitôt, un peu pédant, de ma méprise entre le Fragaria vesca et le Duchesnea indica, autrement dit entre le fraisier des bois et son indigne imitateur, le fraisier des Indes, me rassure sur le fait que les fruits du second, aussi dépourvus de parfum soient-ils, ne présentent aucun risque pour la santé.

Et c'est un soupir de soulagement que je pousse en me réjouissant de ne pas m'être frottée, dans cette mésaventure, aux sournoises attaques de

Dame Nature la vénéneuse.

 

 IMG_4072-copie-1.JPG

Elles avaient pourtant l'air bonnes...

 

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dimanche 8 septembre 2013

Un an

Quatre saisons et, un an après, les mêmes feuilles un peu jaunissantes sur les arbres, le même soleil au ciel, la même herbe verte au sol. La même nappe sur la table, le tic-tac de l'horloge, les mêmes oiseaux dans les ramures.
Rien n'a changé, ou si peu : quelques feuilles toutes neuves à la plante grimpante, les bougies un peu raccourcies dans le chandelier, les mêmes reflets dans les miroirs – peut-être, pour certains, une ride un peu plus marquée, mais à peine.
Un an, trois cent soixante cinq jours – un clin d’œil, un battement d'aile dans la course du temps.
Un battement d'aile dans la course du temps, et une petite personne plantée sur ses deux jambes que l'on croirait avoir toujours connue. 
 
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La vie en rose, en marche...
 
 
 
 
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mercredi 4 septembre 2013

Il faut sauver le petit lapin gris

Un lundi matin du mois de juillet (ou peut-être était-ce un jeudi du mois d'août – mais qu'importe).

Un jardin public en pleine ville, un soleil qui chauffe déjà fort malgré l'heure matinale, peu de monde à part mes quatre enfants qui s'amusent sous ma surveillance.

10h37 : depuis le banc où je suis assise, deux policiers municipaux traversent mon champ de vision en parcourant l'allée principale du parc.

10h41 : « Maman, tu as vu, l'un des deux policiers portait un petit lapin dans ses mains. » Par habitude j'accorde une attention légère à ces propos, ayant déjà entendu parler auparavant d'un squelette enterré sous le toboggan, d'un voleur caché dans un arbre et d'un crocodile tapi dans les égouts.

10h43 : retour des deux policiers municipaux. Au temps pour moi : l'un d'eux porte effectivement un petit lapin gris dans les bras.

« Vous avez un jardin, Madame ? Vous ne voudriez pas adopter ce lapin ? »

Je n'ai pas de jardin et guère l'envie d'adopter un quelconque léporidé à quelques jours de mon départ en vacances, n'en déplaise à mes enfants qui accourent assister à la conversation.

« On l'a trouvé dans la rue, on voulait le laisser dans le jardin, mais il nous suit. »

« Cela doit être un lapin domestique, ajoute l'autre policier. Si on le laisse, il va se faire dévorer par un rat ou écraser par une voiture. »

« Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir en faire alors ? »

10h48 : Les tergiversations policières se poursuivent quand soudain bondit une dizaine de puces sur le bras de l'agent en train de caresser la fourrure du lapin.

« Bon sang ! » s'exclame le policier en lâchant l'animal à terre.

10h52 : La décision est prise. Il faut sauver le petit lapin gris.

« J'appelle le PC. »

Le policier dégaine son talkie-walkie qui grésille en s'allumant.

« Allô PC, vous me recevez ? »

« 5 sur 5 Brigadier, je vous écoute ».

« On a un gros problème. Un petit lapin gris. »

« Un petit lapin gris ? »

« Ouais, on voulait le relâcher mais c'est un lapin domestique, il va se faire dévorer. Et puis il est plein de puces. »

« Je vois. Il faut sauver le petit lapin gris. J'en parle au chef, je vous rappelle. »

10h54 : Après quelques instants, le talkie-walkie grésille à nouveau.

« Brigadier, ici le PC. Bon, le chef a décidé, vous allez conduire le lapin chez un vétérinaire. »

« OK, mais on fait comment, il est plein de puces ? »

10h56 : Décision est prise d'aller demander un carton vide dans l'un des immeubles de bureaux d'à côté. Pendant ce temps le petit lapin gris et ses puces prennent du bon temps sur la pelouse.

11h03 : Retour de l'agent de police muni d'un carton et de son couvercle.

« Je leur ai dit : il faut sauver le petit lapin gris. Ils m'ont trouvé une boîte vide. »

11h04 : Au mépris du danger, l'un des agents s'empare courageusement du lapin qui se laisse enfermer dans la boîte en carton.

« Est-ce qu'il va mourir ? » me demande l'un des enfants.

11h06 : Les deux policiers sortent du jardin public, portant leur précieux chargement, les talkies-walkies rangés à leur ceinture, le pas lent et la démarche grave.

On a sauvé le petit lapin gris.

 

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dimanche 1 septembre 2013

Montagne / Bretagne, le match de l'été

Les vacances scolaires sont sur le point de se terminer et la rentrée occupe tous les esprits : il est grand temps pour moi de vous faire part de mes conclusions personnelles sur la période estivale, et, comme j'aime les matchs, particulièrement l'été – c'est sans doute mon passé de spectatrice assidue d'Intervilles qui resurgit en cette période de l'année – , je vous propose de compter les points entre les deux régions qui ont formé le cadre de mes séjours de villégiature (sans la vachette, hélas, mais avec un crapaud et beaucoup de chèvres) :
 
Bretagne VS Montagne


  • Pour commencer par le commencement, notons que le trajet pour la Bretagne est ponctué d'embouteillages aux péages d'autoroute engorgés par l'affluence de véhicules, remorques et caravanes. Au contraire, les autoroutes menant en montagne sont d'une parfaite fluidité (ou presque), l'idée bizarre de passer des vacances d'été en altitude ne germant que dans une minorité de cerveaux. Avantage : Montagne.
Bretagne : 0Montagne : 1
  •  
  • Kouign Amann, gâteau breton, crêpes au nutella VS saucissons secs, fromages fermiers, tartes au myrtilles : deux régimes du meilleur aloi pour écarter définitivement tout risque de flotter dans son maillot de bain. Égalité.
Bretagne : 1Montagne : 2
  •  
  • En montagne, il peut faire très beau et très chaud, mais il peut aussi pleuvoir toute la journée à grosses gouttes et sans interruption. De plus, au bout de deux jours de pluie, la température descend en dessous de 12 degrés. En Bretagne, on a rarement de journée pluvieuse sans un rayon de soleil, et peu de journées ensoleillées sans une légère averse, quant à la température, elle varie peu autour des 20 degrés. Égalité.
Bretagne : 2
Montagne : 3


  • En Bretagne, vous offrez votre tournée de langoustines lorsque la température de l'eau dépasse 19 degrés. En montagne, vous frissonnez lorsque la température du lac descend au-dessous de 22 degrés. Avantage : montagne. (Je sais, je suis un peu de mauvaise foi, il y a des lacs de montagnes dont l'eau est glaciale... mais pas tous!)
Bretagne : 2
Montagne : 4


  • En Bretagne, et plus généralement en bord de mer, personne ne vous regardera de travers si vous vous en tenez à un emploi du temps du type : grasse-matinée / plage / barbecue ou crêperie. En montagne en revanche, si, en l'espace de 24 heures, vous n'avez pas effectué au moins 600 mètres de dénivelé, un saut en parapente et une descente en VTT pour terminer par quelques longueurs dans un lac ou une piscine, vous serez pris pour un dangereux psychopathe aux mœurs douteuses. Dans le cas où vous souhaiteriez surtout profiter du paysage, de l'air pur et des sentiers en pente douce, et que les seules descentes que vous pratiquez sont celles de vos bouteilles de vin de pays, vous êtes prévenu ! Avantage : Bretagne.
Bretagne : 3Montagne : 4


  • Corollaire du point précédent : en Bretagne, vous passerez inaperçu au milieu des autres vacanciers en portant vos vêtements habituels. En montagne au contraire, l'uniforme de rigueur est le suivant : chaussures de randonnée (tongs après dix-huit heures, heure de la fermeture des remontées mécaniques), short, T-shirt, sac à dos (le tout dans des couleurs criardes si possible). J'ai dû voir quatre jupes et un sac à main durant tout le séjour (les miens). Avantage : Bretagne.
Bretagne : 4Montagne : 4


  • Au point de vue sanitaire, les maux de tête sont garantis en montagne. Je vous explique (il ne s'agit pas du mal de l'altitude) : en montagne, les toits sont en pente, climat hivernal oblige, et lorsque vous logez dans un appartement en soupente vous vous heurtez inévitablement une bonne douzaine de fois au moins contre le plafond particulièrement bas. En Bretagne, évitez le son du biniou qui peut produire les mêmes effets. Égalité.
Bretagne : 5Montagne : 5
 
C'est donc sur une égalité parfaite que s'achève ce match de l'été. J'espère que vous avez tous passé d'excellentes vacances, et, avant de vous souhaiter une bonne rentrée, je laisse (une fois n'est pas coutume), l'un de mes enfants illustrer ce billet avec le dessin de son meilleur souvenir de vacances :
 
saucisson montagne
Soleil, mer, montagne et saucisson sec
 
Bonne reprise à tous !
 
 
 
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