mardi 25 mars 2014

Le scoop du jour

Cela a été pour moi la même surprise que lorsque j'ai appris que mon professeur de physique, en cinquième, était enceinte ; que Nicolas Sarkozy allait épouser Carla Bruni, que, la première de toutes mes amies, Caroline allait avoir un bébé, que le Père Noël n'existe pas (mais qu'il existe quand même), que ma cousine Zoé allait se marier, que mon vieil ami Pierre-Xavier m'avait envoyé un mail après dix ans sans aucune nouvelles, qu'un ami, Victor, allait se faire moine, que mon amie Ludivine avait enfin terminé ses quatorze années d'études de médecine, qu'après trois garçons je venais de mettre au monde une fille (j'ai quand-même vérifié deux fois pour être sure), qu'un ami de mon mari, Loïc, avait ramené une thaïlandaise avec lui de son dernier voyage en Asie (et qu'il l'a épousée depuis), que la matière est constituée d'atomes, que le parrain de ma sœur, Jean-Gustave, était mort à l'âge de cinquante ans, et que Xavier avait subi un deuxième incendie en moins d'un mois.

Le choc que j'ai ressenti concerne un individu que je croise tous les matins devant sa maison depuis trois ans. Un peu plus sec l'hiver, un peu plus vert l'été, l'air toujours un peu revêche, il n'a quasiment pas changé au cours des derniers mois, et je le réduisais, trop vite sans doute, à ses grandes qualités culinaires.

Jusqu'à ce que, hier matin, en passant devant lui, je découvre que le pied de romarin qui orne l'un des jardinets de la rue d'à côté, était en fleurs. De délicates petites fleurs bleues discrètes dont jamais je n'aurais soupçonné l'existence entre les branches vertes aux feuilles dures et coriaces.
 


J'ai descendu dans mon jardin...
 
Autant vous dire que désormais, plus rien ne peut m'étonner.

A moins que vous ne m'appreniez que Tante Ursule vient de me léguer toute sa fortune...
 
 
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vendredi 21 mars 2014

Le petit arbre en fleurs

Discrètement abrité des regards, il se fait oublier, toute l'année, ne se laissant apercevoir qu'à condition de pencher la tête par la fenêtre de la chambre au Nord. Il se fait oublier, sauf lorsque les temps sont mûrs, à l'époque où le printemps envoie ses premiers signes.

Il a senti sur ses branches nues un rayon inattendu, et avec la lumière douce qui baignait sa ramure une douce chaleur a réchauffé sa sève endormie. Il a tressailli, redressant ses bourgeons vers le ciel et puisant dans l'azur l'espoir et la vie qui s'étaient échappés tout l'hiver. Alors, discrètement abrité des regards, une par une il a fait jaillir ses fleurs et s'est couvert de son éclatante parure blanche.

Il y a quelques jours j'ai été surprise de le voir si tôt si beau et frais, et chaque jour en levant et baissant les stores, j'ai penché la tête par la fenêtre de la chambre au Nord pour voir éclore sur ses branches frêles les boutons immaculés, duveteux et soyeux dans la fraîcheur de l'aube ou la douceur du couchant doré. Dans sa blancheur virginale, à peine effleuré par un souffle de vent, nourri de la seule pureté de l'air, discrètement abrité des regards, il offrait fièrement sa splendeur printanière au bleu profond des cieux limpides.

Mais cette nuit le vent s'est levé et l'averse tombe sans discontinuer, abattant sans pitié à terre les fragiles pétales blancs alourdis par les gouttes. Le ciel couvert est d'un blanc grisâtre et dans la brume les pauvres fleurs flétries semblent devenues grises aussi. Le printemps est venu, le printemps est parti, et quand il reviendra le petit arbre aura perdu toute sa parure.

Mais la vie, mais l'espoir, malgré la pluie, malgré le froid, ne s'endormiront pas, et quand il reviendra le printemps trouvera le petit arbre couvert de feuilles tendres et attendant l'été.
 



 
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mercredi 12 mars 2014

Quoi de neuf Docteur ?

Février 2011
 
L'aîné de mes enfants, âgé de trois ans, attrape un banal rhume. Le malade ne sachant pas encore se moucher malgré mes invitations répétées, le rhume dégénère quelques jours plus tard en une vilaine bronchite.

Je me rends au cabinet médical : le Docteur Philippe, un jeune médecin de trente ans environ, tout juste sorti de l'internat, nous reçoit et examine son petit patient.

« Il sait se moucher ? » interroge-t-il la mère sur un ton sévère. «  Parce que, à son âge, il devrait savoir, quand-même. »

Je suis partie un peu penaude, avec mon ordonnance et la désagréable impression de m'être fait réprimander personnellement pour mes lacunes éducatives et leurs néfastes conséquences sur la santé de mes enfants.

 
Février 2014
 
Le troisième de mes enfants, âgé de trois ans, attrape un banal rhume. Le malade ne sachant pas encore se moucher malgré mes invitations répétées (je vous ai dit qu'ils avaient du sang breton dans les veines ?), le rhume dégénère quelques jours plus tard en une douloureuse otite.

Avec un peu d'appréhension, je me rends au cabinet médical : le Docteur Philippe, médecin encore jeune de trente-trois ans environ nous reçoit et examine son petit patient.

« Tu sais te moucher ? » interroge-t-il l'enfant sur un ton compréhensif. « Parce que si tu ne te mouches pas, tu vas avoir mal aux oreilles à chaque fois que tu seras enrhumé. Je suis sûr que tu vas faire un effort, tu es un grand garçon, non ? »

Je suis partie soulagée, avec mon ordonnance, et l'impression surprenante que trois ans peuvent réellement changer un homme.

Surtout si, comme c'est le cas pour le Docteur Philippe, il a eu deux enfants dans le même laps de temps.
 



 


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