dimanche 22 février 2015

Super dentaire

Il y a quelques jours, je vous disais que je devais prendre rendez-vous chez le dentiste, tâche que je repoussais depuis plusieurs mois déjà.

Mais la semaine dernière, un événement inattendu a eu raison de mon indécision.

Vous avez peut-être déjà été soigné pour une carie. Mais avez-vous déjà connu la douleur atroce de la carie qui, s'attaquant au nerf même de votre dent, vous empêche de dormir, vous réveille la nuit avec la sensation que votre cœur bat dans votre dent, vous pousserait à n'importe quel crime pour trouver une drogue à même de soulager vos souffrances et vous précipite en pleurant chez votre dentiste pour qu'il fasse cesser au plus vite votre calvaire ?

Quant à moi, j'ai la chance d'ignorer – pour le moment – ces tourments. En effet, ce n'est pas la douleur qui m'a poussée à prendre rendez-vous chez ma dentiste. Non, c'est tout simplement parce que l'une de mes dents s'est cassée sans cause apparente.

Pourtant, lorsque je me suis retrouvée agréablement allongée sur le fauteuil, bouche grande ouverte et les yeux fixant le plafonnier, la dentiste, examinant la molaire abîmée, a diagnostiqué une carie, une simple carie, oui, mais qui avait suffisamment progressé pour atteindre le nerf.

« Vous m'auriez dit que vous ne dormiez plus depuis deux jours, je n'aurais pas été étonnée... », a convenu la dentiste.

Ce qui, dit avec la pudeur du praticien qui constate un phénomène totalement inexpliqué et contraire à l'état actuel de la science et de ses connaissances, signifie :

« Mais bon sang, comment se fait-il que vous ne sentiez rien, c'est absolument inconcevable !»

Et pourtant, je vous promets que je ne ressentais alors pas le moindre petit picotement, ni le plus léger élancement – absolument rien.

J'ai quand-même accepté l'anesthésie locale pour subir les soins nécessaires, et tandis que le dentiste opérait, et que je braquais les yeux vers le plafonnier, bercée par le doux son de l'aspirateur de salive, je commençais à me demander si je n'avais pas tout simplement des super-pouvoirs.

D'ailleurs, la dentiste m'a promis, en récompense, une jolie couronne...

Le seul ennui, c'est que j'en ai au total pour quatre séances à fixer ce magnifique plafonnier...

mercredi 18 février 2015

Rien ne sert de courir

Vous vous souvenez que mes enfants ont été mortellement déçus de ne pas pouvoir participer au cross mettant en compétition les différentes écoles du quartier et des communes avoisinantes.

Ce n'était pas faute de s'être entraînés pendant des semaines au cours d'intensives séances de préparation suite auxquelles ils me faisaient part des conseils avisés de leurs enseignantes.

« Courez tout doucement, les enfants », leur répétaient inlassablement les maîtresses tout au long de la course,  « à toutes petites foulées, il faut pouvoir tenir jusqu'à l'arrivée ».

Elles avaient bien raison, ces maîtresses, des enfants si jeunes auraient pu confondre course de vitesse et course d'endurance. Moi-même, pour ne citer que mon exemple, je les confondais petite dans la même aversion.

Donc mes enfants, ainsi que leurs camarades, s'étaient entraînés pendant des jours et des semaines à courir à petites foulées, tout doucement, sans se presser – art délicat pour certains sportifs en herbe plein d'énergie et amateurs de vitesse.

Le succès fut au rendez-vous : tous les enfants, exceptés les miens, cloués au lit, sont parvenus jusqu'à la ligne d'arrivée.

En revanche, il y a quelques jours, l'une de leurs enseignantes m'a confié son désarroi. D'une façon surprenante, les élèves de l'école de mes enfants se sont fait remarquer par leurs médiocres performances face à leurs concurrents des autres établissements et par leur absence totale sur les podiums. Au point que certains élèves sont allés jusqu'à adresser la réflexion suivante à leur maîtresse :

« Ah bon, parce que c'était une course ? »

Au moins on ne peut plus accuser l'école d'encourager l'esprit de compétition.



Doucement, la tortue, on a dit « DOUCEMENT » !

dimanche 15 février 2015

Le jour où j'ai fait un rêve prémonitoire

Il y a quelques nuits, j'ai fait un rêve prémonitoire. Oui, vous avez bien lu. J'ai vu les faits en songe, et trois ou quatre jours plus tard, ils se sont réalisés de la façon exacte dont ils se déroulaient dans mon rêve.

Cela ne m'était jamais arrivé auparavant, mais j'espère que ce rêve prémonitoire est le premier d'une longue série. Je rêve (c'est le cas de le dire) de prévoir le temps qu'il fera pendant mes prochaines vacances d'été, de savoir à quoi ressemblera mon prochain gâteau d'anniversaire, de connaître le nombre de mes petits-enfants, l'emplacement de mes deux ou trois (ou quatre) futures résidences secondaires, l'âge auquel je serai forcée de porter des lunettes (histoire de m'habituer à l'idée), et si je saurai un jour enfin jouer de la guitare (enfin, dans ce cas, mieux vaut peut-être ne pas le savoir...).

Et puis, vous savez, je me tiens à votre disposition. Si un jour vous souhaitez connaître à l'avance le plat du jour de votre restaurant préféré, le retard exact de votre TGV ou la liste de vos cadeaux de Noël 2025, posez-moi la question, on ne sait jamais, si j'ai une inspiration prophétique, je vous en ferai part immédiatement. Je serai tellement heureuse de vous rendre service.

Mais je me rends compte que je ne vous ai toujours pas raconté mon rêve... Figurez-vous qu'il concerne mon petit dernier, grand bébé de bientôt neuf mois qui dit « ta ta ta » et « ma ma ma », se retourne du dos sur le ventre, et vice versa, et sourit en montrant ses gencives sans dent, mais rouges et gonflées depuis plusieurs semaines.

L'autre nuit, donc, j'ai rêvé que mon fils avait eu sa première dent. Là, comme ça, paf, dans mon rêve, une petite dent avait poussé sur sa gencive gonflée.

Eh bien – vous n'allez pas en revenir – deux jours plus tard, là, comme ça, paf, sans prévenir, mon fils sortait sa toute première dent.

Incroyable, non ?


L'autre jour j'ai aussi rêvé que mon fils faisait ses premiers pas.
Vous pensez que c'est prémonitoire ?


dimanche 8 février 2015

La carte de vœux, le facteur et le petit garçon

C'est l'histoire d'une carte de vœux, qu'un petit garçon prépare dans sa classe, et à qui la maîtresse demande, comme à chacun de ses camarades, d'apporter une enveloppe timbrée à l'adresse de la personne à qui le petit garçon voudra l'envoyer.

C'est l'histoire d'un facteur, que le petit garçon croise souvent en rentrant de l'école avec sa maman, ses frères et sœur, à l'heure du déjeuner, un facteur qu'il ne connaît pas très bien, silhouette pressée juchée sur son vélo, mais dont il reconnaît le sourire sous la casquette qui le protège des intempéries et le son de la voix saluant sa famille, un facteur qu'il a vu une ou deux fois, sur le palier, remettre à sa maman un recommandé ou proposer un calendrier pour l'année à venir, un facteur qui aurait l'âge d'être son grand-père et qui a le regard et le sourire d'un grand-père.

C'est l'histoire d'un gestionnaire qui travaille dans un centre de la Poste, c'est l'histoire de la maîtresse de classe du petit garçon et c'est l'histoire aussi, un peu, de sa maman.

***

Le petit garçon aurait pu choisir, comme ses camarades, d'adresser sa carte de vœux à son grand-père, à sa grand-mère, à un oncle, un cousin, une tante ou un ami. Mais le petit garçon – d'où lui venait cette inspiration ? - décida d'adresser sa carte au facteur de sa maison, dans la rue ***.

La maman du petit garçon, voyant sa ferme détermination, lui remit une enveloppe, sans timbre, ainsi libellée :

« A l'attention de Monsieur le facteur de la rue *** »

Car la maman du petit garçon ignorait l'adresse du facteur dont elle ne connaissait même pas le nom, mais elle se disait qu'un jour elle rencontrerait le facteur, à l'heure du déjeuner, et qu'elle lui remettrait la carte de vœux du petit garçon.

Alors le petit garçon remit l'enveloppe à sa maîtresse.

Un jour la maman demanda au petit garçon s'il rapporterait bientôt la carte et l'enveloppe, pour la remettre au facteur quand il le rencontrerait. Mais le petit garçon lui répondit :

«  Non Maman, la maîtresse a dit qu'elle la donnerait à son mari, et son mari la donnera au facteur. »

La maman en fut un peu étonnée, et puis elle oublia l'enveloppe et la carte, jusqu'au jour où, alors qu'elle traversait la rue avec le petit garçon et ses autres enfants, elle tomba sur le facteur qui, malgré la pluie qui tombait à verses, arrêta son vélo et mit pied à terre.

« J'ai reçu une très jolie carte d'un petit garçon », dit-il.

Et avec chaleur il remercia le petit garçon, avant de filer poursuivre sa tournée.

Le petit garçon souriait, et sous la pluie on voyait son regard pétiller.

Le lendemain, dans la boîte aux lettres, la maman du petit garçon trouva une enveloppe, non timbrée, à l'adresse du petit garçon, et dont l'expéditeur était le suivant :

« Monsieur le facteur de la rue *** »

La maman remit l'enveloppe au petit garçon, et le petit garçon fut tout réjoui d'y trouver une jolie carte où le facteur avait exprimé tous ses vœux pour le petit garçon et sa famille.

Le lendemain, la maîtresse de classe expliqua à la maman du petit garçon que par une extraordinaire coïncidence, son mari, qui était gestionnaire dans un centre de La Poste, avait pu remettre la carte au directeur du facteur, et que le directeur du facteur l'avait donnée au facteur, et que le facteur en avait été très touché, et que ses collègues en avaient été un peu envieux, disant : « Mais quand donc un petit garçon nous écrira-t-il, à nous aussi ? »

Et le lendemain, devant toute la classe, la maîtresse remit au petit garçon une petite voiture en miniature à l'effigie d'un camion jaune de la Poste.

Et le petit garçon en fut extraordinairement fier et ravi, et jamais il n'oubliera le bon facteur de la rue ***, et sans doute, c'est en tout cas ce que se disait la maman, sans doute le facteur se souviendra longtemps du petit garçon de la rue *** qui, une année, lui avait envoyé une carte de vœux.





mercredi 4 février 2015

Xavier : je vais vous en raconter une belle !

« Tu sais que j'ai discuté avec Xavier ? Je vais t'en raconter une belle ! »

C'est en substance ce que m'a déclaré d'un air gourmand mon mari, alors que nous rentrions d'une soirée à laquelle se trouvait également notre fameux ami Xavier.

Vous comprenez combien cette entrée en matière m'a instantanément tenue en haleine, et, pensant à vous, chers lecteurs, dont je connais l'attachement pour le personnage de Xavier et ses multiples aventures, j'ai immédiatement commencé à rédiger intérieurement le billet qui allait vous rendre compte de la dernière d'entre elles :

« Tu sais que j'ai discuté avec Xavier ? Je vais t'en raconter une belle ! »

C'est en substance ce que m'a déclaré d'un air gourmand mon mari, alors que nous rentrions d'une soirée à laquelle se trouvait également notre fameux ami Xavier...

« Tu ne vas pas en revenir ! » a poursuivi mon mari, d'un air réjoui, très prometteur, pendant que dans mon for intérieur je poursuivais en parallèle la transcription de la conversation pour mon blog.

« Tu ne vas pas en revenir ! » a poursuivi mon mari, d'un air réjoui, très prometteur.

« Eh bien figure-toi que Xavier m'a raconté la chose suivante : la semaine dernière, un soir, il est monté dans la salle de bain à l'étage... Attends, au fait, tu n'as pas oublié le parapluie ? »

« Eh bien figure-toi que Xavier m'a raconté la chose suivante : la semaine dernière, un soir, il est monté dans la salle de bain à l'étage...(réplique du parapluie coupée au montage – sans intérêt pour mes lecteurs)
« Son fils venait de se laver les dents ».

« Son fils venait de se laver les dents ». (Il va falloir que je trouve un bon titre !)

« Sauf que ce dernier avait oublié de fermer le robinet... »

« Sauf que ce dernier avait oublié de fermer le robinet... » (Xavier à la salle de bain ? Non, mauvais.)

« Il y avait de l'eau partout, ils ont dû refaire toute la salle de bain ! »

« Il y avait de l'eau partout, ils ont dû refaire toute la salle de bain ! » (Excellent ! Voilà qui va plaire à mes lecteurs. Après le feu, l'eau...)

« Non ! Ce n'est pas vrai ! », me suis-je écriée.

(Réplique plate coupée au montage)

Mon mari s'est mis à rire. « Mais non, ce n'est pas vrai ! Je t'ai bien eue, non ? »

Mon mari s'est mis à rire. « Mais non, ce n'est pas vrai ! Je t'ai...

Silence intérieur. Fin de la transe littéraire. Extinction de la flamme bloguesque. Énorme déception. Il y a des plaisanteries qui ne se font pas, tout de même.

« Non, en fait, j'ai discuté avec Xavier, mais il ne lui est rien arrivé de spécial ».

Tout ça pour ça. « Xavier, rien de spécial ».

Remarquez, en soi, c'est déjà une nouveauté...


Comme quoi, il suffit d'un rien pour écrire un billet...


dimanche 1 février 2015

Surmené

On évoque souvent le surmenage des mères de famille, vous savez, celui qui vous guette entre la pile de linge sale et celle du raccommodage, et qui vous empêche de trouver le temps de vous vernir les ongles ou de publier aussi souvent que vous le souhaiteriez sur votre blog.

Mais le surmenage des pères de famille existe bel et bien, lui aussi.

J'en veux pour preuve le cas de Rémi. Rémi et sa femme sont des amis que nous avons rencontrés à l'école de nos enfants. Rémi a fondé une petite société installée tout près du lieu de travail de mon mari, aussi leur est-il déjà arrivé de déjeuner ensemble un jour de semaine, et récemment, mon mari a proposé à Rémi de le retrouver à nouveau dans un restaurant du coin.

Pendant plusieurs jours, aucune nouvelle de Rémi. Puis, au bout d'une ou deux semaines, il a laissé un message un peu embarrassé sur le téléphone de mon mari.

« Oui, bonjour, c'est Rémi... Je suis désolé, j'aimerais beaucoup te retrouver pour déjeuner (petit rire étouffé un peu gêné) mais je suis débordé. Je n'ai pas arrêté en janvier, février va être pire, j'espère que mars sera plus facile (petit rire étouffé un peu gêné). Disons que je te rappelle en avril ? (petit rire étouffé toujours aussi gêné) »

Rémi, vous l'aurez deviné, est un homme très sympathique mais un peu timide et assez réservé. Il marche la tête penchée un peu en avant, comme s'il voulait se faufiler dans le monde sans trop le déranger à son passage.

Quand mon mari, un peu déconcerté, m'a fait entendre le message, forte de ma longue expérience, j'ai tout de suite posé un diagnostic aussi sûr que perspicace :

« Je crois que Rémi est un peu surmené, tu sais. »

Le lendemain matin, j'étais en retard d'une ou deux minutes pour aller chercher mes enfants à midi lorsque j'ai croisé Rémi, la tête légèrement penchée en avant, qui sortait de l'école en tenant les siens par la main. Il était si pressé que j'ai à peine eu le temps d'apercevoir la nuance toujours un peu timide de son sourire.

Mais, cinq minutes plus tard, arrivée dans la cour de l'école, j'ai eu la surprise de voir Rémi, que je croyais déjà loin, surgir à nouveau, le buste penché en avant et la tête rentrant légèrement dans les épaules, et se faufiler vers la classe de Petite Section devant laquelle l'enseignante lui adressait de grands gestes de la main.

« Je crois que Rémi est totalement surmené, tu sais » ai-je affirmé à mon mari le soir même, lui confirmant mon diagnostic de la veille.


J'en voulais pour preuve le fait que Rémi, à l'école, quelques heures plus tôt, avait failli repartir avec ses deux aînés en oubliant son petit dernier.

Le travail c'est la santé...